Pêle même
à l’envers
à l’endroit
elle se jette du haut
de ses ressentis
et en tire
le fil de sa vie
C’est surtout le geste
l’ample salut
le coup d’œil
amène
et tout s’illumine
dans un signe
d’amitié
A ton âge
tu apprends
les vérités que jamais
tes parents n’ont
révélées –
dès lors
tu es vieux
A l’horizon des collines
vertes – bleues
et estompées
sous la coupe oblongue
d’une vallée où
je voudrais
peindre et écrire
Une poésie prenante
– qu’est ce sinon
le parcours
frissonnant des
images
de nos rêves
secrets
Et déjà au-dehors
le froid tombe
sur la courbe douce
d’une lune
luisante
– Brune
est son nom
Encore cette barre
le ciel au-dessus
de ma météo intime
avec sa tombée
d’étoiles
à peine
lumineuses
Sur mon bureau
sur ma table
à penser réfléchir
et frissonner –
les mots s’accrochent
au vélin
des pensées
Je suis même devenue
moi-même
pourtant tournée
vers la face des autres
visible à l’œil nu –
comme je n’aurais
pu l’espérer
C’était une nuit calme
– la vie entre deux
parenthèses –
j’en posai une avant
de m’endormir
et ouvris l’autre
au petit matin
Je fonce pour attraper
le dernier train
– celui qui me donnera
la chance
de filer vers
des rives libérées
– ouf –
Dans la lucarne
– au coin d’un ciel
à demi lumineux
se calfeutrent les mots
attendrissants
d’une lecture
– ancienne
Je ne sais quel charme
– ou quel orme –
cajole ses feuilles
– est-ce leur fluide
qui agit pour rendre
la vie
belle
Nature modérée
il jugeait les autres
par omission
– et c’est ainsi
qu’il pardonnait
à ses propres
pêchés
Dans des usines assourdissantes
dans des marais glauques
dans des pays si loin
roule file s’épuise
la vie des enfants –
pour égayer celle des nôtres
Au bout d’un moment
au bout de tout
un espace entre deux courses
entre deux points
qu’aucune lumière
ne fixera jamais –
instant figé
Ils sont partis
appelés à faire
le vide
– une distance infinie
peu à peu devient
tout le temps
qu’ils vont habiter
Cela ne fait plus de doute
mon visage
jamais
ne montre
la sérénité
des bonnes
nouvelles
Certaines flèches tuent
d’autres filent haut
– intouchables –
elles ricochent
parfois –
et tuent
aussi
Si je gagnais
je rejouerais au jeu
des plaintes entendues
au fond des vallées
que pourtant
je sais
imaginaires
Sur le moment
à l’instant où brûle
le bout de l’allumette
sur mon doigt –
je devine
à l’instant
toutes les souffrances
La mémoire s’embrase
comme éclate un rire
rappel d’enfance
– légendes apprises
ou mal sues –
il en reste
peu de choses
J’ai perdu mon temps
j’ai perdu l’ampleur
sourde de tes mots
entendus si loin –
loin de toi
j’ai oublié ta voix
– sa chaleur
Sur la galerie
chantent des clameurs
joies pleurs –
sur les cimes
des cœurs pleurent
si haut qu’on
ne les voit mourir
Je souhaite que ce soit fini
que tout vienne
à sa fin à sa lenteur
morne et molle
je souhaite en finir
de vivre trop –
ou trop mal
Brrr ! j’ai froid
j’ai faim j’ai soif
et pourtant je ne dois
rien sentir –
s’il faut accomplir
le dernier
geste
La chaleur ondule
me fatigue m’épuise
mais je cherche
en ce lieu –
repos du mort
espoir du vivant
– l’ondulation d’un rêve
Il emporte le texte
le relit pour le jeter
ensuite –
froissé en creux
dans une histoire
mélancolique
et improbable
Sur la table
étale et blanche
le soleil grille
les restes d’un repas
de fruits
rouges jaunes
– et crus
Main sur l’épaule
tête déjetée
dans une danse écartée
les dieux nous rient
au nez
– ils moquent notre
tranquillité
A sa propre mort
elle croit –
car elle vit
le présent
incertain
– jour
déjà fané
A marée basse
loin du flot bleu
il faut
irriguer tes yeux
et essuyer
ce sanglot
vivifiant
L’ombre d’un homme
à peine un humain
– et toute la
chaîne des siècles
s’est déroulée
jusqu’à
nos pieds
Quel orgueil
rire au lieu
de pleurer
de cette farce
cruelle
qui nous est
destinée
Ses gestes de repos
et de résilience
dans la ruée
suspecte
– de cette course
à la vie
à la mort
Classique
ça ne veut pas dire abstrait
ça veut dire une idée
de la vie
avant celle de la mort
– terriblement ordinaire
en fait
Après déjeuner
repu de substances
simples et fraîches
prêt à envisager
la faim et le dénuement
et vivre
moins
Ils attendirent tout le jour
lents et malaisés
signes à peine cachés
des angoisses
que la nuit
charriait dans
sa rivière sourde
Je suis allé assez loin
emmené malgré moi
au-delà
de toute sérénité
et j’ai découvert
l’envers de mon
décor
A gauche en quittant
le bitume brûlant
filez le long du ruisseau
– vous verrez –
le contraste saisit
toute âme en quête
de supplément
Un corbeau est venu
noir et insolent –
que voulait-il bien
signifier avec sa robe
sombre d’homme de loi
– imbu de sa
puissance
Alors j’ai ouvert les yeux
la clarté venait d’aveugler
mon demi sommeil
et le monde me sembla
tel que je venais
de le rêver –
incertain
Des grues prennent
dans leur envol
la couleur du ciel
– suivront-elles
ses reflets
jusqu’au point unique
où trouver leur nid
Il était sûrement devenu
autre
il était sûrement parvenu
à oublier
– nous on avait gommé
jusqu’aux lignes
de son visage
Chronique d’une souffrance
quotidienne –
on aurait pu écrire
le journal avant-coureur
de ses douleurs
– jour par jour –
jusque dans son sommeil
Une croyance fortement affirmée
– de ce credo
longtemps récité
je ne sais quelle parole
me reviendra –
au dernier jour
Le soleil se couchait
le matin montait
et ainsi des jours
et de nos nuits
– ces traits de côte sans surprise
lames ensorcelantes
de nos vies
Rire du fond des années
lointaines
– avec ce visage
où la vérité
ne se montre plus –
insincère
hilarité
Elle ne répond pas
reste en deçà –
fichée loin dans
ses pensées
– recluse
je ne la compte
plus
Pleurer est si minuscule
– à la marge de
nos sensations –
pleurer puis crier
serait notre seule
vraie
force
Comme si je quêtais
comme si je désirais
– une chose un signe
pourtant
je sais que
la course est perdue
d’avance
L’eau se coiffe de blanc
écume claire
et gouttelettes douces
– à mon front
plus de rides
seules
des pensées liquides
C’est plus tard
que je viendrai
dire tout l’or du soir
malgré la plaie
sur le pin parasol –
ce sera le souvenir
– le meilleur
Il avait sauté
trois mots
lecture abandonnée
écriture hachurée –
bouts de phrases
jetés en l’air –
déchirés
Ils étaient plutôt heureux
plutôt serrés les uns
aux autres jetés
au hasard
joue face et corps à peau
heureux –
mais c’était quand
J’ai été suivi
imité reconnu
et puis j’ai été jeté
rejeté –
contre la face cachée
ma face cachée –
peut être
Reflet ou ravissement
rien de cela –
aucun jaillissement
ni d’eau
ni de simple
jeu
– même usé
On a quitté cette maison
on a jeté le feu
d’une main fébrile –
au fond
des couloirs
brûle l’histoire
– de ceux d’ici
La doublure de satin
de la lune éclaire
le manteau
que j’ai enfilé
– pour affronter
tous les soirs
restants
Nœuds de vie
arrêtés à la porte
bouscule-toi
remplis le vide
prends la place
tu seras chez toi
– enfin accueilli
De temps en temps
pas tout le temps
mais de ci de là
le volet les portes
claquent au vent
– à l’air brutal
qu’agitent tes bras
Comme si
tu la voyais
tu l’entendais
comme si cette
vague emplissait
tout l’espace –
tout le temps
Pas de créature plus douce
pas de sourire
plus clair
– rien ne laissait
supposer
le sombre
poids de ses émotions
Un individu referme
son livre
termine sa lecture –
instruit des paroles
et de la musique
des mots
– mystère
Au fond
d’elle-même
elle se jette
sur ses doutes –
puis se relève
fière de
son identité
La vie d’un homme
celle d’un enfant
et celle d’un animal
au seuil
d’une maison
– havre
à tout prix
Quand il ment
il aborde à tous
les maux
tous les défauts
– qui est assez franc
pour avouer que la vie
c’est le mensonge
Je suis un peu inquiet
fébrile et angoissé
– qu’adviendra-t-il
de nous de moi
dans ce désert d’incertitude
ce pays
d’à-peu-près
Et puis elle l’a coupée
– la fleur a fané
lentement
perdant peu à peu
la justification de
sa naissance
de parfum
Cette fois là je suis tombé
je ne pouvais
me relever
continuais à trébucher
sur les pavés
qu’on avait lustrés
pour moi
Avec une voix de ténor
il prit le parti
de tout dire
puis la voix a faibli –
la fatigue avait
recouvert
toute vérité
A contrecœur
envers et contre moi
– j’avance peine
et m’essouffle
mais je n’en souffre pas
puisque je le sais –
et l’accepte
Je me suis réveillé
lourd du poids
d’une chaleur d’été –
cette saison où nait
le plus profond sentiment
de vivre
– et pleinement
Tant de choses impossibles
– disait-on –
on ne savait alors
que tout s’apprend
et que même la vanité
de nos actes
a un sens
Chassant les nuages
– le vent
chassant les obstacles
– la volonté
chassant la morosité
– la gaité
serait-ce aussi simple
N’avait pas conscience
n’avait pas confiance
n’avait pas suffisance
n’avait pas obligeance
n’avait pas tolérance
n’avait pas influence
– juste une certaine aisance
Pour quelle raison
m’a-t-il souri
besoin de pardon
ou rôle bien appris –
je ne décrypte pas les
intentions de qui
n’a pas de paroles
Dans les serres d’une pince
je mettrai
ton rire éclatant –
je serai délivrée
prête à me sentir lucide
une fois – une seule
– peut être
J’ouvris le vieux cahier
– il était recouvert
d’une écriture sale
et sautillante –
impossible d’y lire
les péripéties
que le titre annonçait
Au premier coup d’œil
elle était belle
– son être dévoilait
le brut état de son âme
masqué
dans ce corps
libre
Couleur trompeuse
je n’ai jamais aimé
colorer la vie
de peur d’être déçue
par ses tons –
je crains
d’avoir eu tort
Elle s’élève à hauteur
des anges
des nuées pures
et claires –
peut être
espère-t-elle
y renaître
Fichez moi la paix
donnez moi l’élan
de tout rejouer
raconter dire –
même rire
s’il le fallait
je le ferais
Dormir et tout oublier
oui mais quand
pour qui
quelle joie
quel plaisir
je reste mon seul ami
– rien ne se prête
Calmer à présent
soigner apaiser
refaire le chemin
après la douleur
des chutes et des maux
mal clos –
calmement
Nous sommes cinq
club intime et absurde
comme un cœur
à plusieurs valves
ventriloques gauches
incapables de parler
à cinq bouches
La voix qu’il écoutait
ne parlait pas
ne le consolait pas
de ces vieux rires –
c’était un temps
à devenir
sourd
Gratte l’allumette
et le feu jaillit
secoue tes bras
tes jambes ta tête
et la vérité
éclaire –
illumine peut être
Des gouttes sous cape
des rires goutte à goutte
des danses pieds nus –
sous les arbres
détrempés de joie
– le temps est beau
les hommes sereins
Discipline de fer
qu’est-ce à dire
ou à faire
au fond des maisons
où l’enfant obéit –
contraint – mais
aimé quand même
Il fut un temps
j’avais vingt ans
brutales ces années
mortes –
il fut un temps
de pleur et aussi
– d’espoir
Je suis déchiré
comme le papier peint
aux murs que j’aimais
– entre les bras qui
l’avait collé
pour faire un nid
– mais bien incertain
Et dire que j’ai fait ça
c’est dire la honte
c’est dire –
le regret – l’espoir
pour quel repentir
– et cette histoire
à réinventer