John Ruskin et Venise


/ mardi, octobre 3rd, 2017

Si le voyageur veut se représenter ce qui fut, qu’il suive, le soir, un canal peu fréquenté jusqu’au milieu de la mélancolique plaine, […] qu’il attende que la lumière et la chaleur du soleil s’éteignent sur les eaux, que se perde dans la nuit le noir rivage désert, dépourvu de routes et de bien-être, plongé dans une sombre langueur au milieu de l’effrayant silence qu’interrompt seul le bruit des petits ruisseaux salés tombant dans des flaques sans marée, ou les cris interrogateurs des mouettes. Il pourra alors avoir une faible idée de l’horrible angoisse de coeur qui put jadis décider des hommes à choisir, pour l’habiter, une semblable solitude. Ceux qui enfoncèrent les premiers pieux dans ce sable et qui construisirent leur retraite parmi les roseaux, ne pensaient guère que leurs descendants, fiers de leurs superbes palais, deviendraient les maîtres de la mer !

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