Furoshiki


Le ruisseau / jeudi, février 10th, 2022

Pourquoi ai-je pensé hier soir aux premiers et derniers enveloppements de l’être humain : le bébé emmailloté de toile fine à la naissance et le corps sans vie de l’homme glissé dans une pièce de linge blanc, un linceul… Parce que le hasard venait de me montrer ces deux événements : la vie et rien d’autre, la vie et la mort.

Et de là il n’y avait qu’un pas pour que mon esprit, dans le brouillard du premier sommeil, se mette à vagabonder de manière un peu surprenante il est vrai. L’emballage, me dis-je, est une technique pratique et indispensable. Le joaillier dépose ses créations dans des écrins pour mettre en valeur leur beauté, le pâtissier protège ses gâteaux des poussières et des chocs dans des boites rigides. Les cadeaux en général sont  pliés dans du papier ou pour les plus rares dans des contenants précieux.

L’esprit au coucher voyageant alors vers le levant, je me rappelai que les japonais ont inventé et élaboré un art étonnant de l’emballage appelé furoshiki, qui consiste à plier et nouer des chutes de tissu pour envelopper les objets. Le résultat est harmonieux et pour les bénéficiaires fait du cadeau une double surprise. J’enviai au passage à ces artistes, qui ont aussi personnalisé l’art du bouquet, ikebana, ces noms bien plus poétiques que nos bouquetage, emballage, paquetage ! Mais à une si grande distance peut-on, peut être, imaginer que ces derniers évoquent une certaine esthétique, disons, occidentale. « Soyons positifs, et voyons les choses plus largement », me disais-je, pas encore endormie.

Parvenant à ce stade à une réflexion pratique, je me suis mise à penser qu’aujourd’hui l’emballage tissu pourrait constituer une alternative à l’utilisation du plastique. Et je me félicitai, à une heure si tardive, de mettre à jour cette pensée hautement responsable : nous savons tous en effet qu’il faudrait éliminer de nos habitudes de consommation l’emballage jetable pour revenir au réutilisable.

Oui mais voilà, les habitudes, les bonnes et surtout les mauvaises, ont la vie dure, on le sait. C’est à ce moment, je crois, que mon esprit s’est mis à tanguer pour lentement sombrer tandis que mon corps se lovait, douillettement enveloppé dans sa couette. « Me voilà emballée façon furoshiki » fut, je crois, ma dernière pensée du soir.

Il serait toujours temps, au réveil, de reprendre le combat écolo-responsable !

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