Patrice de La Tour du Pin, Les enfants de septembre

[…]
Mais les bois étaient recouverts de brumes basses
Et le vent commençait à retourner au Nord,
Abandonnant tous ceux dont les ailes sont lasses,
Tous ceux qui sont perdus et tous ceux qui sont morts,
Qui vont par d’autres voies en de mêmes espaces !

Et je me suis dit : Ce n’est pas dans ces pauvres landes
Que les enfants de septembre vont s’arrêter ;
Un seul qui se serait écarté de sa bande
Aurait-il, en un soir, compris l’atrocité
De ces marais déserts et privés de légende ?

 

John Ruskin, Les pierres de Venise

Si le voyageur veut se représenter ce qui fut, qu’il suive, le soir, un canal peu fréquenté jusqu’au milieu de la mélancolique plaine, […] qu’il attende que la lumière et la chaleur du soleil s’éteignent sur les eaux, que se perde dans la nuit le noir rivage désert, dépourvu de routes et de bien-être, plongé dans une sombre langueur au milieu de l’effrayant silence qu’interrompt seul le bruit des petits ruisseaux salés tombant dans des flaques sans marée, ou les cris interrogateurs des mouettes. Il pourra alors avoir une faible idée de l’horrible angoisse de coeur qui put jadis décider des hommes à choisir, pour l’habiter, une semblable solitude.

 

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