Un été 2017

Allongés sur les galets, accroupis, agenouillés, visages tournés vers le soleil, sortant de l’eau ou y plongeant pour un baptême involontaire, les corps s’exposent sans pudeur. La sueur et l’eau glissent sur leur peau. Les femmes assises jambes écartées comme pour accoucher, ici plus qu’ailleurs couvent leur enfant. Lui pleure, crie comme au premier instant. Des couples lisent étendus sur les cailloux ou, réunis en groupes, bavardent bruyamment.
C’est en été, à Cadaqués.

La table de famille

La table est mise, assiettes, couteaux, verres étincellent
Les chandeliers se dressent pour éclairer le repas du jour
Le reste de la pièce est noyé d’ombre
La réunion des convives débute autour des mets étalés aux regards envieux
Personnages de cire sous le feu jaune des bougies, les acteurs de cette pièce de famille échangent rictus et phrases courtes
Le bruit des couverts étouffe les voix timides ou aigres-douces
Les mâchoires en mouvement rythment le silence
Le repas se passe à huis-clos
Soudain la jeune fille pose ses couverts, elle n’a rien touché, rien avalé, a simplement ravalé ses larmes
Elle se lève et, le visage déjà dans l’ombre, quitte la table
Les convives mangent, boivent et ruminent toujours sans la suivre même d’un regard
A deux pas de la table de famille, la jeune fille s’efface
Cet instant restera-t-il dans les mémoires

Il y a longtemps…

C’était une belle et chaude soirée d’été. Nous marchions avec ma grand-mère le long de la route départementale. Le goudron dégageait son odeur tiède et sucrée. Des champs bordant la route montaient les parfums de la moisson. Nous ne parlions pas parce que nous goûtions ce moment où une douce chaleur nous apaisait après la fournaise de la journée.